14-07-2025
Encore plusieurs années avant de pouvoir remplacer tous les égouts
La Ville a tenu une conférence de presse sur l'avenue de Chateaubriand, où des dizaines de résidences ont été envahies par l'eau dimanche.
Armez-vous de patience : remplacer les réseaux d'égouts désuets prendra encore plusieurs années dans la métropole, vu l'ampleur de la tâche. Montréal promet d'aller « le plus vite possible », mais appelle les citoyens à protéger leur maison au maximum, dans l'intervalle.
« La première chose que les citoyens doivent faire, c'est de protéger leur maison, parce que nous, on ne pourra pas tout ouvrir la ville en même temps », a dit lundi la responsable de l'eau, Maja Vodanovic, en parlant de plusieurs « années » avant de pouvoir remplacer l'ensemble des réseaux souterrains désuets.
« Oui, on va faire les travaux, mais les gens doivent comprendre qu'ils doivent se préparer. Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas faire les investissements, c'est juste parce que c'est impossible [de tout faire d'un coup] », a-t-elle ajouté, en marge d'une conférence de presse sur l'avenue de Chateaubriand, où des dizaines de résidences ont été envahies par l'eau dimanche.
Pour une rare fois depuis les dernières semaines, la mairesse Valérie Plante était aussi présente. « On ne peut pas accepter cette idée que si on remplace tous les tuyaux, il n'y aura plus d'inondations. […] L'eau cherche toujours un chemin », a-t-elle fait valoir.
N'empêche, Montréal « ne lésinera pas sur les efforts » pour changer la canalisation dans les secteurs prioritaires, a assuré la mairesse. « On va aller le plus vite possible, mais on a beaucoup d'infrastructures vieillissantes, et même très vieilles », a-t-elle dit, alors entourée par des résidants du quartier.
Sur le moyen terme, dire que les chantiers seront encore nombreux dans la métropole semble donc un euphémisme. « Les gens vont souvent s'en plaindre, mais on ne les fait pas pour rien. […] Ce qu'on veut justement, c'est de préparer le territoire », a ajouté Mme Plante.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
La mairesse Plante a évoqué que des axes vulnérables comme l'avenue Chateaubriand pourraient éventuellement devenir des rues éponges, autrement dit soutenues par des bassins de rétention, de platebandes végétalisées et de sols perméables, donc spongieux.
Dans l'opposition, la cheffe d'Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada, a déploré lundi que la situation illustre que l'administration Plante tarde à moderniser ses collecteurs d'eau.
« On ne peut pas agrandir un territoire et avoir plus de gens qui habitent si les bassins de rétention et les égouts ne sont pas assez gros. C'est le problème numéro un. […] Un parc éponge, ça ne va pas régler le problème qu'on voit avec les pluies d'hier. Il faut doubler la capacité des collecteurs », a-t-elle martelé.
Préparez-vous
En attendant, la Ville, elle, invite les citoyens à mettre l'épaule à la roue, en débloquant leur drain de toit ou en posant au plancher de la céramique, un matériau réputé pour sa résistance à l'eau.
Sous pression, la mairesse Plante a évoqué que des axes vulnérables comme l'avenue Chateaubriand pourraient éventuellement devenir des rues éponges, autrement dit soutenues par des bassins de rétention, de platebandes végétalisées et de sols perméables, donc spongieux.
Un projet de ce type est déjà en cours sur la rue Larivière, près du pont Jacques-Cartier. Environ 11 parcs éponges ont déjà été aménagés à Montréal. « Ils retiennent l'équivalent de neuf piscines olympiques. Et il faut aller plus loin », a dit Mme Plante, évoquant l'ajout prochain de 19 autres parcs éponges.
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La Ville déplore par ailleurs que le programmation de soutien provincial n'indemnise que les propriétaires inondés par le débordement d'un cours d'eau, et non par les pluies diluviennes.
« Le fédéral et le provincial doivent en faire plus, et venir soutenir les efforts des villes à réparer et adapter les territoires, mais aussi revoir les programmes d'indemnisation », a dit Mme Plante.
Bientôt une plateforme pour les cuvettes
En mai, La Presse rapportait que des milliers de propriétaires montréalais ignorent encore à ce jour que leurs immeubles sont construits dans des zones de « cuvette », plus vulnérables aux inondations lors de pluies diluviennes. À ce sujet, Maja Vodanovic a assuré que du changement s'en vient. « On a une carte cuvettes, mais c'est vrai qu'elle est difficile, que ce n'est pas évident. On est en train de monter un site web de la Ville qui va rendre le tout très accessible, avec les programmes accessibles, un peu à l'image de ce qui s'est fait dans d'autres villes qui ont vécu des inondations », a-t-elle dit.